Wednesday, June 11, 2008

UN CHIEN ÉCRASÉ (23 mars 1955)


Le décès tardif de Claudel a provoqué certains éloges littéraires qui eussent gagné à s’exprimer en privé. Aux côtés des Figaro-Match – ce dernier illustré a l’avantage de révéler visuellement, pour ceux qui ne l’auraient pas lu, quel répugnant vieillard était Claudel – on peut voir Aragon – Lettres-Françaises ou l’hebdomadaire France-Observateur louer les mérites du disparu, en dépit de ce que l’on appelle, de ce que l’on ose appeler, dans France-Observateur du 3 mars, « la gaucherie de la démarche temporelle du poète ». (Villon, Baudelaire et Rimbaud y sont cités parallèlement comme autres exemples de ce fait que « les poètes ont quelque mal à s’adapter au monde et à ses vicissitudes ».)


Encore une fois, mais d’une manière plus surprenante et plus scandaleuse que de coutume, la presse prétendue progressiste choisit l’admiration esthétique du plus contestable « génie » bourgeois plutôt que le silence ou les injures qui, dans le cas de la mort de Claudel, se trouvent seuls moralement justifiés.
« Un chien écrasé »,

0 Comments:

Post a Comment

<< Home