Thursday, July 12, 2007

LES COLONIES LES PLUS SOLIDES... (28 septembre 1954)


« D’après les nouvelles qui nous ont été données, il s’agit d’une secousse du huitième degré, qualifié de ruineux, ou même du neuvième degré, qualifié de désastreux. On assiste, dans ce cas, à une destruction partielle ou totale des édifices les plus solides... » (les journaux, le 10 septembre).

Orléansville, centre du Groupe algérien de l’I.L., « la ville la plus lettriste du monde » selon son slogan que justifiait l’appui apporté à notre programme par une fraction évoluée de sa population algérienne, a été rayée de la carte par le séisme du 9 septembre, et les secousses des jours suivants.

Parmi les treize cents morts et les milliers de blessés, nous déplorons la perte de la majeure partie du Groupe algérien. Mohamed Dahou, envoyé sur place, n’a pu encore nous faire parvenir le chiffre exact, en raison de la dispersion des habitants.

Les « Actualités françaises », plus en verve que jamais, ont célébré l’événement par un petit film qui montre uniquement des Européens, leurs cercueils, leurs crucifix, leurs prêtres, leurs évêques – burlesque tendant à faire voir que l’Algérie est dans son ensemble une région de peuplement français, de religion catholique, et de niveau de vie élevé quand la terre n’y tremble pas.

En revanche, Le Monde du 19 septembre faisait état de l’action d’« agitateurs » indéfinis, parmi les indigènes restés dans Orléansville, qui est occupée militairement.

La question de la reconstruction d’Orléansville pose en effet des problèmes très graves.

Quelle que soit l’hostilité du groupe lettriste algérien, et des éléments qu’il influence, envers l’édification de blocs d’habitation-casernes vaguement néo-corbusier, il est évident qu’au stade actuel de notre action une critique sérieuse de cette forme particulièrement désastreuse d’architecture ne peut être maintenue, alors que quarante mille personnes attendent de l’Administration un abri quelconque.

Mais il convient de combattre résolument le projet officiel de reconstruction des logements indigènes en dehors de la ville, sur l’emplacement déblayé de laquelle s’élèverait plus tard une nouvelle cité exclusivement européenne.

Le Groupe algérien dénoncera constamment cette discrimination, et provoquera contre le ghetto prémédité une opposition unanime.
«Les Colonies les plus solides...», Potlatch. Bulletin d'information du groupe français de l'Internationale lettriste, numéro 12, 28 septembre 1954 (Ce numéro de Potlatch a été rédigé par Michèle BERNSTEIN, G.-E. DEBORD, Jacques FILLON, VÉRA, Gil J WOLMAN)

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